Pour Matthieu Paillot, co-fondateur et président de Kisaco, et ingénieur en environnement et énergie, « pour aller plus loin dans l’écoconception il faut réussir à lever des freins ». En 2020, il co-crée Kisaco avec l’objectif de mettre l’analyse d’impact environnemental et l’écoconception à la portée de toutes les organisations, grands groupes et petites entreprises.
« L’analyse d’impact représente un coût important de l’ordre de 10.000 euros par produit, des démarches complexes avec les outils traditionnels, cela implique qu’il faut savoir comment se positionner par rapport au marché, et ensuite il faut trouver les fournisseurs qui vont permettre de réduire cet impact. Nous voulions accompagner les entreprises pour relever tous ces défis », indique-t-il.
Un calcul d’impact en 10 minutes
Grâce au logiciel Kisaco Maker, chaque utilisateur de l’entreprise, qu’il occupe une fonction marketing ou R&D, peut connaitre le profil d’impact environnemental d’un produit en quelques minutes. L’analyse porte sur 16 indicateurs : le réchauffement climatique, l’eutrophisation (génération d’algues vertes), émissions de particules, radiations ionisantes …
« L’utilisateur lance le calcul et l’outil lui fournit l’impact du produit sur chaque indicateur en dix minutes. Nous parvenons à saisir l’emballage, sa provenance, et l’outil reconnait la formulation INCI, l’utilisateur doit juste corriger les quantités et proportions. Cela donne un impact global calculé suivant la méthode européenne du PEF (Product of Environmental Footprint). L’outil permet d’analyser chaque produit sous tous les angles », précise Matthieu Paillot.
Le calcul s’appuie sur des données régulièrement mises à jour de bases spécialisées, notamment Ecoinvent, et sur les données travaillées par les ingénieurs chimistes Kisaco.
« Nous livrons ensuite un profil, qui est la moyenne pondérée des 16 indicateurs calculés. Cela permet de comparer les produits au sein d’une même gamme, de comprendre pourquoi l’un a plus d’impact que l’autre. Est-ce le transport ? la formulation ? le pack ? Et de le comparer également à une moyenne du marché pour se rendre compte si l’on a un produit durable », explique le dirigeant. « Nous travaillons sous accords de confidentialité. Chaque utilisateur ne voit que ce qui concerne ses produits. Les BDD sont sécurisées et cryptées selon les standards de sécurité très élevés car c’est le patrimoine immatériel de nos clients », ajoute-t-il.
Préconisations d’améliorations
Pour aller plus loin, la fonctionnalité Lab Kisaco donne la possibilité de visualiser à l’écran les données du produit dans sa version actuelle et les points qu’il est possible de faire évoluer pour faire baisser l’empreinte carbone, permettant ainsi de concrétiser une version avant/après.
Enfin, l’utilisateur accède aux préconisations priorisées en fonction de leur complexité et de leur impact.
« C’est l’ultime fonctionnalité de l’outil. Nous essayons d’être très opérationnels et pragmatiques dans notre travail et préconisons les démarches simples, comme par exemple, supprimer le suremballage qui a beaucoup d’impact, et d’autres plus difficiles. Une fois que le client a compris où étaient ses impacts, il peut aller chercher la ou les solutions auprès de fournisseurs dont nous avons également mesuré l’impact », explique Matthieu Paillot.
Ces fournisseurs ont été évalués et sont confirmés comme présentant un impact moindre que la moyenne du marché, sans autres accords commerciaux avec la startup.
Plusieurs cas d’usage
La démarche peut intervenir à tous moments de la vie du produit. En amont au stade de l’avant-projet, en cours de développement pour optimiser la formule ou l’emballage ou en cours de vie pour une refonte des éléments et pour s’assurer que l’impact sera moindre dans la nouvelle configuration.
« Cela peut aussi permettre de scorer sa gamme pour retravailler des produits en priorité. Les résultats ne sont pas toujours une évidence. Supprimer le plastique par exemple n’a pas toujours l’effet escompté sur l’environnement ou sur les sujets climatiques », prévient en conclusion Matthieu Paillot.