Le groupe de luxe Chanel a connu une « nouvelle année exceptionnelle » en 2023, avec des ventes record frôlant les 20 milliards de dollars, dont la moitié en Asie-Pacifique, région qui a pourtant posé des défis au secteur.

La maison, créée par Coco Chanel et notamment célèbre pour ses tailleurs en tweed ou son parfum Numéro 5, a enregistré des ventes en hausse de 14,6% à 19,7 milliards de dollars, a-t-elle annoncé mardi dans un communiqué. La croissance de son bénéfice a ralenti (+3%, contre +14,2% en 2022), mais l’a tout de même porté à 4,7 milliards de dollars.

« Chanel a réalisé à nouveau en 2023 une solide performance financière, avec une croissance à deux chiffres dans toutes les catégories (...). Après trois années de croissance exceptionnelle pour notre industrie, le contexte est plus difficile », a déclaré sans plus de détails Philippe Blondiaux, le directeur financier du groupe, cité dans le communiqué.

Depuis le troisième trimestre 2023, le marché du luxe ralentit en Europe et aux États-Unis, et n’a pas retrouvé la croissance espérée en Chine.

Les deux géants français du luxe LVMH et Hermès ont eux aussi battu des records en 2023, mais le premier trimestre 2024 a été plus complexe pour LVMH avec des ventes en léger recul, notamment en raison d’un ralentissement de la consommation chinoise. Kering a lui été plombé par sa marque phare Gucci en 2023 comme au premier trimestre 2024.

Mais pour Chanel, qui ne détaille pas ses résultats trimestre par trimestre, en 2023 « les ventes ont augmenté sur l’ensemble des marchés, les équipes de vente continuant à renforcer nos liens avec la clientèle locale, tout en bénéficiant de la reprise durable du tourisme », a ajouté M. Blondiaux.

En Asie-Pacifique, les ventes ont dépassé les 10 milliards de dollars, en hausse de 17,7%. La hausse est plus forte en Europe (+18,8% à 5,6 milliards), mais est modeste sur le continent américain (+2,6% à 3,9 milliards). L’année 2022 avait déjà été une année record pour chacune de ces régions.

Maquillage et travel retail portent les ventes beauté

Dans une interview à l’agence financière Bloomberg, Philippe Blondiaux a indiqué que la hausse des ventes en 2023 avait été légèrement plus portée par les prix que par l’augmentation des volumes. Face à une demande compliquée aux États-Unis en raison de l’inflation, il espère un rebond grâce à l’amélioration du contexte macroéconomique.

La maison Chanel, détenue par les frères Wertheimer, est l’une des rares dans le secteur de la mode et du luxe à être encore indépendante et non cotée. Chanel ne rend pas publiques les performances financières de chacune de ses branches, mais affirme dans son communiqué que l’activité Mode a connu une « croissance exceptionnelle dans toutes les catégories, en particulier le Prêt-à-Porter ».

La division Parfums Beauté a été portée en particulier par « le maquillage, grâce à la reprise durable du travel retail », c’est-à-dire les ventes notamment dans les aéroports. Enfin, la joaillerie a « poursuivi sa dynamique ».

« En 2023, nos effectifs ont connu une croissance de 14% à l’échelle mondiale, ce qui porte notre nombre total de collaborateurs à plus de 36.500. Nous avons élargi notre réseau de distribution à plus de 600 boutiques », a relevé la directrice générale monde Leena Nair, citée dans le communiqué.

Chanel a continué à investir « de manière significative en 2023 ». Ces investissements ont principalement concerné le réseau de distribution mais aussi la promotion de la marque (2,5 milliards de dollars, en hausse de 20% par rapport à 2022). « Avec l’évolution rapide de la technologie et de l’IA (intelligence artificielle, ndlr), l’investissement dans les technologies de l’information reste une priorité majeure », ajoute la maison dans le texte.

Philippe Blondiaux a aussi salué auprès de Bloomberg la directrice artistique Virginie Viard, qui a pris la suite de Karl Lagerfeld à sa mort en 2019, l’activité Mode, et surtout le prêt-à-porter, étant en forte croissance depuis son arrivée. Enfin il a déclaré ne « pas être très ambitieux » quant aux ventes à Paris durant les Jeux olympiques, notamment en raison des difficultés liées aux transports.