Avec 226.000 salariés et un chiffre d’affaires de 71 milliards d’euros, la filière cosmétique française est un des fleurons industriels du pays, deuxième secteur contributeur à la balance commerciale, après l’aéronautique. Au total, 60% de la production française de parfums et cosmétiques est exportée, ce qui hisse la France au premier rang mondial, loin devant les États-Unis, l’Allemagne et la Corée du Sud.
« La France représente un tiers des exportations européennes de parfums et cosmétiques. Ce dynamisme a des incidences concrètes sur l’ensemble du territoire national. Pour répondre à la demande mondiale, les fabricants investissent et augmentent leurs capacités de production. Aujourd’hui, l’industrie des cosmétiques ouvre des usines en France, peu de secteurs une peuvent se targuer d’en faire autant », souligne Marc-Antoine Jamet, Président de Cosmetic Valley.
L’étude réalisée par le cabinet de conseil Asterès, à l’occasion du 30e anniversaire de Cosmetic Valley, illustre le poids du secteur en France et sa diffusion dans l’ensemble du pays. « De Chartres, capitale mondiale de la beauté, aux plantations aromatiques de Provence, les cosmétiques irriguent l’ensemble de l’économie française, depuis la production agricole jusqu’à la distribution des produits finis », explique Nicolas Bouzou, Directeur du cabinet Asterès.
Rôle moteur des marques
Premier constat de l’étude, en France le secteur des cosmétiques, centré sur la fabrication de produits finis, est d’abord tiré par le dynamisme de ses marques. Sur les 226.000 emplois répertoriés, plus de la moitié (116.000, soit 51%) concernent la production de parfums et cosmétiques, directement par les marques (88.500 emplois) ou par les façonniers (27.500 emplois). De même, la production de parfums et cosmétiques représente 53% (37,9 milliards d’euros) du chiffre d’affaires total de la filière.
L’amont de la filière représente 39% des effectifs (soit 87.000 emplois), concentrés principalement chez les fournisseurs d’emballages (37.500 emplois, soit 17% du total des effectifs de la filière) et d’ingrédients (13% du total de la filière). Les fournisseurs de tests et analyses (4% des emplois), de services (3%) ou d’équipements de production et de laboratoire (2%) représentent une part plus modeste. Au total, l’amont représente 38% (26,5 milliards d’euros) du chiffre d’affaires de l’ensemble de la filière, mais ce sont cette fois les fournisseurs d’ingrédients qui captent la plus grande part de cette valeur (15,1 milliards d’euros, soit 21% du total de la filière), alors que les fournisseurs d’emballages se situent en seconde position (8,5 milliards d’euros, soit 12% du chiffre d’affaires total).
De son côté, l’aval de la filière, principalement constitué par les activités de commerce, représente 23.000 emplois, soit 10% du total, et 9% du chiffre d’affaires.
Disparités nord-sud
Second constat, le poids de la moitié nord du territoire [1], qui représente 75% de l’effectif salarié de la filière (168.535 emplois, selon l’étude), 76% du chiffre d’affaires et 78% des exportations. Une situation qui s’explique par la puissance de la région parisienne dans ce secteur qui entretient des étroits avec les grandes marques de la mode et du luxe. Ainsi, la majorité des sièges sociaux et des centres de R&D sont concentrés à Paris et dans l’ouest de sa grande couronne, et les départements limitrophes de l’Île-de-France sont ceux qui affichent la plus grande densité d’emplois liés au secteur des parfums et cosmétiques.
En revanche, l’écart nord-sud est beaucoup moins marqué si l’on se réfère au nombre d’établissements relevant du secteur cosmétique. Une situation qui, selon Asterès, s’explique par des structures plus industrielles au nord et davantage artisanales dans la moitié sud [2].
Côté marques, le nord-ouest du territoire est caractérisé par l’impulsion des grandes maisons de luxe françaises (Dior, Chanel, Guerlain, Givenchy, Hermès, Lancôme, Sisley…) portées par l’image de Paris. Région industrielle historique, le nord de la France accueille également par la production industrielle de nombreuses marques de grande distribution (Garnier, L’Oréal, Neutrogena, Eugène Perma, …). Le sud, de son côté, bénéficie de l’image de la Provence (L’Occitane, Le Petit Olivier, Végétalement Provence, Pulpe de Vie …) et compte un grand nombre de marques liées à la savonnerie artisanale, et notamment au savon de Marseille (Savonnerie Fer à Cheval, Marius Fabre, La Compagnie de Provence …). On note également, au sud, une implantation importante de marques de parapharmacie, souvent associées au thermalisme (Avène, La Roche Posay, Vichy, Bioderma, Uriage, Jonzac).
Malgré ces disparités, les auteurs de l’étude notent que l’industrie des cosmétiques est beaucoup mieux répartie sur le territoire que d’autres secteurs. « Certaines régions très industrielles sont moins présentes sur cette filière, tandis que d’autres surperforment (Hauts de France, Centre Val de Loire), mais ce qui est intéressant c’est qu’aucun gros leader ne tire toute une région à lui seul, on a plutôt une multitude d’acteurs – grandes entreprises, ETI, PME et TPE – répartis sur l’ensemble du territoire », commente Julien Romestant, Directeur de l’intelligence économique au sein de Cosmetic Valley.
Quatre priorités pour 2024
Pour renforcer et valoriser les atouts de chaque région dans le secteur des parfums et cosmétiques, Cosmetic Valley lance un tour de France des territoires à l’occasion de ses 30 ans. L’opération combinera rencontres et actions spécifiques tout au long de l’année.
En 2024, Cosmetic Valley souhaite également mettre l’accent sur quatre priorités au service de la compétitivité de la filière : l’emploi avec un plan d’actions adossé à une campagne de communication sur les métiers du secteur ; l’innovation avec pour priorité la transition écologique et la poursuite des travaux en cours sur la biodiversité ; l’export avec le lancement d’ambassades sectorielles au cœur des marchés stratégiques, en premier lieu la Chine ; la cohésion de la filière avec la poursuite des rencontres en région et le développement de services pour faciliter les synergies entre l’amont et l’aval de la filière.
« Depuis 30 ans, Cosmetic Valley s’inscrit au cœur des territoires. D’abord cluster d’entreprises centré autour de l’Eure-et-Loir et des départements adjacents, elle a évolué vers une logique nationale et des missions qui couvrent l’ensemble du territoire. Notre objectif est de continuer à investir dans la recherche et l‘innovation, dans l’ensemble de la filière et en partenariat avec le monde de la recherche », conclut Christophe Masson, directeur de Cosmetic Valley.