Dans un environnement fortement compétitif et en constante évolution, favoriser la coopération entre les différents acteurs est un impératif et ce, à plusieurs niveaux. Il s’agit tout d’abord de remédier au manque de reconnaissance dont peut souffrir le secteur, même lorsque celui-ci s’avère porteur de l’économie française. Ensuite, il convient de consolider l’activité des PME et de leur offrir la possibilité de s’implanter durablement. Enfin, l’écosystème dans son ensemble doit se donner les moyens de digitaliser le cœur de son activité, non seulement pour travailler mieux et plus efficacement, mais surtout pour rester en phase avec les attentes des consommateurs, notamment sur les sujets du développement durable et de la transparence quant à la composition des produits.
Dans une industrie cosmétique durement touchée par la crise sanitaire et économique depuis bientôt un an, ces trois points - coopération, consolidation et digitalisation - sont plus que jamais à l’ordre du jour.
Développer la coopération à tous les niveaux est essentiel
Rapprocher les industriels des universités et écoles d’ingénieurs est un excellent moyen d’accélérer l’innovation ; néanmoins, ce rapprochement doit s’opérer sous réserve d’obtenir des financements à la hauteur des enjeux, ce qui n’est malheureusement pas le cas en France à l’heure actuelle, contrairement à d’autres marchés puissants en matière de cosmétiques, comme par exemple la Corée du Sud. D’autres pistes doivent alors être explorées.
Il est possible de faire travailler l’ensemble des industriels de la filière sur des sujets non-concurrentiels tels que la relation client-fournisseur, afin d’identifier et de mettre en œuvre les bonnes pratiques. Pour les entreprises clientes, les relations avec leurs fournisseurs doivent être plus formalisées et collaboratives sur les sujets de conception/définition, et d’industrialisation. De leur côté, les fournisseurs se doivent d’élaborer des produits de qualité irréprochable issus de processus d’obtention parfaitement maitrisés - le travail d’équipe est ici essentiel pour éviter les mésententes et réduire les délais de fabrication.
Si le soutien des autorités est primordial, les industriels cosmétiques se doivent de réaliser un travail d’introspection et d’aller identifier les bonnes pratiques issues d’autres secteurs et facilement adaptables. Ainsi, s’inspirer des secteurs automobile, pharmaceutique et agro-alimentaire pourrait aider à améliorer respectivement les processus de production, de maîtrise de la qualité et d’innovation.
La digitalisation, impératif de l’ère du temps
À l’heure actuelle, l’un des freins majeurs à la digitalisation de l’industrie cosmétique réside dans une forme de peur de l’inconnu ou du changement, et dans une méconnaissance quant aux capacités du cloud, du stockage des données, et de l’automatisation des processus. Désormais, la pandémie a accéléré la transformation digitale des entreprises de manière globale, et souligné l’importance de faciliter les échanges d’informations. Si les entreprises cosmétiques ont elles aussi rapidement adopté les outils digitaux pour leur fonctionnement général, des efforts restent à fournir, notamment sur la digitalisation des processus de réglementations, de tests, d’emballage, ou encore au niveau de la distribution.
Les bénéfices de la digitalisation sur la qualité sont considérables : en impliquant l’ensemble des acteurs concernés dans le processus de production, on centralise des informations qui permettent d’obtenir une visibilité accrue sur les projets et une bien meilleure réactivité dans l’identification et la résolution des problèmes. Les décideurs, chacun à son niveau, sont davantage et surtout mieux informés, ce qui leur donne les moyens de mieux décider, plus rapidement, en limitant retards et surcoûts. En définitive, chaque métier de la filière est un acteur et constructeur de la qualité. Une nécessité, à l’heure où les attentes des consommateurs se font de plus en plus exigeantes à ce niveau.
Investir pour répondre à l’évolution des attentes des consommateurs
L’important n’est pas de travailler plus, mais de réaliser les efforts qui permettront de travailler mieux et plus rapidement. Les attentes des consommateurs vis-à-vis des industriels évoluent rapidement et leur loyauté par rapport aux marques est devenue plus exigeante, notamment sur les sujets du développement durable et de l’éthique. À cet effet, la non-qualité fait partie des considérations environnementales dont les industriels doivent se saisir lorsqu’il s’agit d’éviter des étapes de tri de produits non-conformes. Concevoir un produit de qualité du premier coup, c’est accorder encore plus d’importance à cette question de l’environnement, au-delà d’une réduction des coûts et des délais de mise sur le marché. D’autant plus que les industriels français maîtrisent déjà certains sujets tels que les packagings recyclés, développés dans un cadre de recherche pure et non-compétitive sur la nature et la dégradabilité des emballages.
Les opérateurs ont conscience des défis qui les attendent : sur le digital notamment, comment s’adapter à la demande, vendre ses produits et obtenir les financements nécessaires à leur conception ? L’aspect réglementaire n’est pas en reste : avec une réglementation toujours plus riche et plus complexe, le fait de pouvoir s’adapter à toute vitesse est un levier de compétitivité indéniable, pour éviter des délais de mise-sur-le-marché insupportables et s’affranchir autant que possible des contraintes économiques.
Pour lever les freins de la coopération et accomplir un effort collectif nécessaire en temps de (sortie de ?) crise, les industriels de la filière cosmétique doivent se donner la bonne impulsion, et répondre ensemble aux enjeux liés à la digitalisation, au développement durable - en vue, in fine, de l’amélioration des processus de production et de la qualité des produits finis.